Tous les jours, j’aime de mille et une façons. J’ai donc décidé de célébrer la journée de l’amour en dressant une liste des 14 instants du quotidien qui me font apprécier le monde !

Dans la même série : Rêves d’une vie.

1. J’aime lorsque le crépuscule rend la silhouette des arbres très distincte, dissimulant tous leurs autres détails sous un noir uniforme. Le décor semble alors figé dans le temps, comme s’il n’acceptait pas encore de succomber à la nuit. C’est mon moment préféré de la journée.

2. J’aime le premier instant où je peux jouer une pièce au piano sans avoir besoin de la partition. Cela signifie que je possède désormais la liberté de l’interpréter comme je le souhaite.

3. J’aime voir les ailes d’un avion briller dans le ciel sous la lumière du soleil. Je les considère comme mes petites étoiles de jour.

4. J’aime écouter une chanson attentivement et y découvrir des instruments que je n’avais jamais remarqués auparavant.

5. J’aime entrer dans une bibliothèque sans avoir aucune idée des livres avec lesquels je vais en ressortir. C’est toujours de cette façon que je fais les plus belles trouvailles.

6. J’aime la sensation des premières gouttes qui tombent sur la peau avant que la pluie ne se mette officiellement à tomber, surtout lorsque leur existence semble si incertaine qu’on la confond avec une illusion.

7. J’aime lorsque je suis dos à un coucher de soleil et que le seul indice de sa présence est la teinte reflétée par les fenêtres des maisons face à moi.

8. J’aime marcher dehors sans croiser une seule personne ou voiture, comme si le monde n’était qu’une maquette sur laquelle j’avais été déposée par accident.

9. J’aime reconnaître de mémoire une étoile ou une planète qui apparaît dans le ciel. J’imagine la distance qui nous sépare, ce qui représente mon exploration de l’espace la plus concrète jusqu’à présent.

10. J’aime être dans une région entourée par des champs : l’entièreté de l’horizon nous enveloppe et le ciel dévoile enfin sa véritable taille.

11. J’aime sentir le vent passer entre mes doigts lorsque je sors ma main à travers la fenêtre de la voiture.

12. J’aime les fruits si juteux qu’ils donnent l’impression d’avoir été cueillis quelques instants auparavant.

13. J’aime les romans qui me charment dès leur première page. 300 mots, c’est bien peu pour prouver une oeuvre — pour certains, c’est suffisant. J’admire ces auteurs.

14. J’aime écrire une phrase sans ressentir le besoin de la modifier.

Ce sont des phénomènes que je croise quotidiennement, mais leur beauté ne cesse jamais de me surprendre. Je me souviens d’une époque où ces merveilles ne m’étaient pas apparentes, dissimulées sous le nuage de ma propre noirceur. C’est seulement lorsque je me suis ouverte au potentiel de la vie et au potentiel de tous que j’ai enfin pu les remarquer. Il m’a semblé si étrange de réaliser que j’avais passé toutes ces années sans voir ce qui m’entourait : j’ai levé la tête vers le ciel et j’ai été fascinée par ses détails, ses mouvements, ses couleurs. Rien n’avait changé depuis la veille, mais tout me semblait nouveau parce que mon esprit était nouveau. J’ai passé les années suivantes à redécouvrir le monde autour de moi. J’ai appris à aimer ses défauts — qui, je venais de le comprendre, étaient le reflet des miens. Le ciel est devenu l’image de tout ce que j’avais découvert : le défilement de mes pensées imitait le défilement des nuages, toujours en mouvement, poussé par les humeurs du vent. Aujourd’hui, je mène ma vie guidée par l’amour pour tout, pour tous.