Moi j’n’ai pas d’avenir, j’n’ai pas d’empire, j’ai seulement l’héritage de mes heureux souvenirs. Mon âge est trop vieux, mon âge est trop jeune, mais y a-t-il un corps qui n’soit rien d’ces deux ? Il faut vieillir de l’esprit, moi j’ai l’esprit trop jeune. Mais l’esprit ne peut pas vieillir, l’esprit vieillit parce qu’on l’oublie. On suit le courant sans jamais user de ses rames, on s’ramasse sur notre lit d’mort avec l’impression d’y avoir été couché depuis l’début. Ce début c’est la fin, mais tout début n’est final que si on n’le voit jamais finir. Moi j’ai sauté hors du bateau, j’ai nagé jusqu’à la rive et j’me suis retrouvée sous un ciel rempli de questions et une terre fertile de réponses. Mais v’là le prochain navire qui s’amène et d’jà les regards de pitié, ou est-ce bien de l’incompréhension ? Parce moi j’choisis d’apprendre à sourire avant d’tracer ma vie, et vous pensez qu’le sourire c’est c’qui vous attend au bout d’la ligne. C’est pas les bouts d’papier qui vont définir ma réussite, mais les mots qui vont être écrits dessus. Et puis même si j’suis parfois perdue dans ce grand bal masqué, mon sourire ne sera jamais égaré. Parce que j’ai appris à sourire avant de compter. Et j’ai cessé de compter sur les autres, on ne peut compter que sur soi, on a beau nous dire un, deux, trois, c’est nous qui dirigeons nos pas. Alors moi je pose le pied vers l’avant, j’vous renvoie vos regards de jugement, et même si c’est de la boue et pas un chemin tout tracé qui se trouve sous moi, j’préfère avoir les pieds sales que le sourire taché.