[Critique] Sphère par Michael Crichton

Sphère par Michael Crichton

Une étrange navette spatiale est découverte par l’armée américaine à des milliers de mètres sous la mer. D’une dimension phénoménale et parfaitement intacte, ils sont choqués d’apprendre qu’elle repose là depuis plus de trois cents ans. Norman, un psychologue envoyé sur la scène, aidera une équipe de scientifiques à découvrir les secrets de cette mystérieuse trouvaille.

Cette critique ne contient aucun spoiler.

Quelques informations concernant le roman :

  • 359 pages.
  • Science-fiction.
  • Publié en 1987.
  • Cette histoire a été transformée en film.

PARTIE I : FLOT, CONTENU, STYLE D’ÉCRITURE.

Sphère est une oeuvre qui progresse très rapidement, chaque page apportant une contribution importante à l’histoire. Malgré la vitesse de son flot, aucun détail n’est oublié : la science derrière tous les phénomènes est expliquée en profondeur. C’est ce que j’apprécie le plus de ce roman. En le lisant, j’ai eu l’impression que son genre littéraire se disputait constamment entre le titre de Thriller ou de Science-fiction, ce qui est souvent une formule gagnante pour une bonne lecture. L’auteur aurait facilement pu transformer son roman en dictionnaire d’informations, mais il a réussi à insérer la science d’une manière où elle a pu devenir elle-même un récit qu’on souhaitait suivre. Dans tous les tournants majeurs de l’histoire, elle occupait le plus grand rôle, et je pense que c’est ainsi qu’on compose une oeuvre de science-fiction réussie.

De la première page jusqu’à la dernière, j’ai été investie dans l’aventure que vivaient ces scientifiques. Je découvrais avec eux, j’avais peur avec eux, je pouvais voir ce qu’ils voyaient. Le cerveau des personnages était nettement plus développé que le mien, et pourtant, j’ai pu suivre leurs raisonnements comme s’ils provenaient de ma propre tête. J’attribue cette victoire à un seul facteur : le talent d’écriture de Michael Crichton, qui non seulement a su balancer un récit riche avec un récit entraînant, mais qui a également réussi à traduire les sciences savantes de façon compréhensible.


PARTIE II : PERSONNAGES.

Dès le départ, Sphère ne cache pas les défauts de ses personnages : égocentrisme, craintes, insécurités, impolitesse… Il est évident qu’ils ne sont pas maquillés pour plaire au lecteur. Pourtant, je les ai tous adorés.

Le caractère fort est un point commun qui relie tous les personnages, mais c’est aussi ce qui les différencie : chaque scientifique a une raison différente d’être aussi passionné. Les défauts exposés sont à la base de ce que chacun représente, et ces traits distincts font qu’aucune personnalité n’est fade à travers ce récit. Michael Crichton nous dévoile des scientifiques qui ont tous le pouvoir d’affecter le monde à leur façon.

Malheureusement, je n’ai pas apprécié l’impact que l’auteur a décidé d’attribuer à deux personnages particuliers : une femme et un homme noir. Alors que les autres scientifiques se démarquent par leur soif de se faire reconnaître mondialement ou leur refus d’avoir tort, j’ai trouvé que Michael Crichton avait complètement raté l’écriture des deux minorités présentes dans le livre. Si j’avais vécu ma vie sans croiser un seul noir ou une seule femme (un peu difficile puisque j’en suis une, mais bon — imaginez), en lisant Sphère, j’aurais l’impression que ce sont des gens qui passent la totalité de leur temps à se plaindre d’une discrimination inexistante. Ce n’est évidemment pas le cas, mais c’est l’image que ce livre peint.

Voici une des nombreuses situations où ce comportement est présent :

Les scientifiques se placent en file pour accéder à un certain endroit. La femme, Beth, est dernière, et le noir, Harry, est avant-dernier. Beth lâche un commentaire qui sous-entend qu’elle est à nouveau discriminée par les autres mâles puisqu’ils se sont mis avant elle, et Harry enchaîne en disant que c’est fâcheux que le dernier homme de la ligne soit le seul noir de l’équipe. L’écriture nous montre ensuite que les autres scientifiques n’avaient aucunement agi avec une intention discriminatoire puisque la file s’était placée ainsi aléatoirement, et qu’il était typique pour ces deux-là de lancer des accusations infondées.

Sphère comporte de nombreuses autres scènes similaires. À travers elles, il est toujours clairement sous-entendu que les minorités voient de la discrimination par paranoïa. Il est à mes yeux complètement irréaliste de considérer un noir et une femme de cette façon, et même assez dégradant. Beth est décrite comme une femme détestant les hommes qui fait tout pour prouver que le sexe féminin est supérieur. Il est rare qu’elle apparaisse dans une scène sans que sa haine soit mentionnée, et celle-ci est toujours dépeinte comme étant irrationnelle. Harry reçoit heureusement une représentation un peu plus adéquate, mais tout de même accusatrice.

Je pardonne cette maladresse à l’auteur puisqu’à l’époque où il a écrit Sphère, c’est-à-dire en 1987, les minorités n’étaient pas encore représentées justement dans les médias et qu’il était peut-être donc difficile d’en faire le portrait plus réalistiquement. Ce point négatif était décevant, mais il n’a pas rendu ma lecture désagréable. J’ai apprécié tous les autres aspects de l’écriture des personnages du roman.


PARTIE III : CONCLUSION.

Je donne à Sphère une note parfaite parce que ses qualités sont exceptionnellement remarquables et réussissent à masquer ses défauts. C’est une histoire qui m’a plu du début jusqu’à la fin et qui n’a jamais cessé d’introduire des concepts fascinants au fil des chapitres. Si j’avais à décrire mon expérience en trois mots : passionnante, surprenante, délicieuse. Je sais qu’il s’agit d’un livre dont je vais encore me souvenir d’ici plusieurs années.

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