Station Eleven par Emily St. John Mandel
Quelques heures après la mort d’une célébrité Hollywood — crise du coeur en pleine scène de théâtre — le monde est changé à tout jamais par une pandémie foudroyante qui décime la civilisation. Seul un maigre nombre de survivants réussissent à y échapper, découvrant désormais une vie sans électricité, sans avions et sans espoir. Station Eleven jongle entre le passé et le présent, tissant un fil conducteur entre les quelques humains toujours vivants qui ont côtoyé l’acteur connu.
Cette critique ne contient aucun spoiler.
Informations concernant le roman :
- 425 pages.
- Science-fiction.
- Publié en 2016.
PARTIE I : FLOT, CONTENU, ÉCRITURE.
Station Eleven est une oeuvre étonnante. J’ai débuté ma lecture en pensant que le contenu du livre me plairait énormément, pour ensuite découvrir que l’histoire n’était pas du tout celle que j’espérais. C’était la première surprise : la deuxième était que malgré tous les éléments qui auraient pu m’en empêcher, j’ai adoré le roman.
« Emily St. John Mandel est une auteure exceptionnelle » est la première pensée qui me soit venue à l’esprit après avoir lu la dernière page de Station Eleven. Je ne comprends pas comment elle a pu prendre des éléments peu intéressants dans un contexte post-apocalyptique — qui se soucie encore de Shakespeare, d’une bande dessinée et d’une star Hollywood morte depuis longtemps ? — et réussir à leur donner une forme attrayante. Je suis certaine que cette histoire aurait été une véritable torture à lire si elle provenait de la plume d’un autre écrivain.
Non seulement elle a choisi ses sujets principaux de manière risquée, mais elle a également organisé son roman de la façon la plus compliquée qui soit : des sauts de vingt ans dans le passé, trois jours après, deux semaines après, cinq ans après, vingt ans après. Emily St. John Mandel a transformé Station Eleven en véritable labyrinthe dans lequel il aurait été facile de se perdre, mais sa construction est restée solide du début jusqu’à la fin. Encore une fois, je ne comprends pas comment c’est possible.
Le flot du récit est inqualifiable, ce qui est probablement le cas de toutes les oeuvres qui alternent entre plus de cinq points différents dans le temps. Je ne peux pas vous dire que c’est un roman que vous allez dévorer, mais ce n’est pas non plus un roman que vous allez avoir envie de déposer. Les chapitres ont tous un rythme différent, une perspective unique à offrir.
PARTIE II : PERSONNAGES.
Mon admiration d’Emily St. John Mandel ne s’arrête pas ici.
J’ai été impressionnée par son talent à inventer des personnages qui n’obéissent pas qu’à un seul but ou une seule définition. Malgré le nombre élevé de noms rencontrés au cours des chapitres, j’ai pu voir chaque personnalité présenter de nombreux visages. C’est un aspect qui influence beaucoup le réalisme d’une histoire, et c’est certainement une des raisons pour lesquelles aucun détail n’a été ennuyant à découvrir. Je pense que Station Eleven aurait pu suivre le récit de n’importe quel autre personnage secondaire sans perdre mon intérêt.
Même si certaines personnes n’ont été présentes que pour quelques pages, elles ont rarement quitté mon esprit : j’ai continué ma lecture en songeant à ce qu’elles devenaient, mais pas au point où j’en regrettais leur absence. C’est un autre élément de ce livre qui a été parfaitement réalisé.
PARTIE III : CONCLUSION.
Station Eleven est un roman qui a marqué à jamais mon monde littéraire par l’improbabilité de sa réussite. Je n’aurais jamais cru possible de créer une oeuvre qui commence avec dix pas de recul, et termine avec vingt d’avance.
- +1 étoile pour : Une écriture intelligente.
- +1 étoile pour : Un récit au bon rythme.
- +1 étoile pour : Des personnages intéressants.
- +1 étoile pour : Un contenu de qualité.
- -0.5 étoile pour : Un concept pas utilisé jusqu’à son potentiel maximal.
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