[Critique] ‘Supermarket’ par Bobby Hall

Supermarket est le premier roman publié par Logic (Bobby Hall), un de mes artistes musicaux préférés. Ayant été impressionnée par les scripts composés pour ses albums passés, j’ai cultivé de très hautes attentes face à cette oeuvre dès son annonce. Les livres nés d’une plume célèbre peuvent souvent être décevants, mais dans ce cas-ci, j’étais certaine que la transition rappeur-écrivain allait être un succès. C’est donc avec beaucoup de foi que je me suis lancée dans la lecture de Supermarket.

Une seule page a suffi à enterrer tous mes espoirs. Continuez votre lecture pour découvrir les raisons qui se cachent derrière ma plus grande déception littéraire de 2018.


Cette critique ne sera pas positive. J’ai longuement songé à ce que j’allais écrire, à l’approche que je devais adopter si je choisissais bel et bien de publier mon avis sur ce roman. J’ai eu le souhait sincère d’encourager Logic sur cette nouvelle voie artistique — surtout puisqu’elle m’est si chère — et je considère que je l’ai toujours. Cependant, je me dois de traiter cette oeuvre comme n’importe quelle autre. Il serait irrespectueux de ma part, non seulement pour les auteurs du monde entier, mais aussi pour Bobby Hall en tant qu’artiste, de me plier à mon favoritisme.

Informations sur le roman

Flynn trouve un emploi au supermarché du coin. Le coeur récemment brisé, il espère que cette routine forcée l’aidera à se sortir de sa bulle dépressive — et du sous-sol de sa maman. Mais les secrets de son esprit torturé sont révélés après lorsque son lieu de travail devient une scène de crime. Qui aurait cru qu’on pourrait trouver du sexe, des drogues et du meurtre dans l’allée 9 ?

  • Date de publication : 26 mars 2018
  • Genre : Horreur, humour
  • Nombre de pages : 288 pages
  • Langue disponible : Anglais

PARTIE I : Flot, écriture, contenu.

Supermarket est présenté comme un roman court, rapide, frais et dynamique. Mais malgré ses 288 pages principalement remplies de dialogue, j’ai mis presque trois semaines à rejoindre la fin de cette oeuvre. Ce n’était malheureusement pas parce que je la savourais. J’ai terminé 22/11/63 de Stephen King, une brique de 1000 pages, plus rapidement.

Je ne pense pas avoir déjà ressenti une telle difficulté à traverser une histoire auparavant. Il n’y avait pas de vocabulaire avancé, pas de récit compliqué à suivre, pas de descriptions interminables. Je m’ennuyais dans ma lecture, certes, mais j’ai déjà lu en une seule journée des romans qui ne m’intéressaient pas parce que leur écriture était légère. Pourquoi était-ce donc si difficile pour moi ?

Je pense que mon expérience avec Supermarket aurait été différente si le livre était passé à travers une période plus sévère de révision. Tel qu’il est, le texte s’agence parfaitement à celui d’un garçon du secondaire qui compose des histoires dans ses temps libres. On y retrouve tous les signes d’un écrivain débutant : des temps de verbe incohérents, des tonnes de détails inutiles, des clichés utilisés inconsciemment, des métaphores un peu trop excessives… Toutes ces choses auraient pu facilement être corrigées ou améliorées par la maison d’édition de l’auteur. Celle-ci n’a vraisemblablement pas jugé nécessaire de le faire, et de ce fait, l’écriture du livre était plus distrayante que son histoire.

Chaque fois que j’essayais de me concentrer sur le récit, j’étais frappée par un sentiment de déjà-vu. Toutes les scènes, tous les dialogues et tous les personnages étaient construits de la même exacte façon. J’en étais presque arrivée à prédire les paroles qui allaient suivre lorsqu’un nouveau visage était introduit : couleur des cheveux, nationalité, niveau d’attirance face au corps et comparaison avec une célébrité.

Je tiens à préciser que, généralement, je ne suis pas dérangée par les descriptions précises de personnages. Certains lecteurs préfèrent que les auteurs leur permettent de se créer leur propre idée en tête, mais ça n’a jamais été mon cas. Cependant, tout au long du roman, Bobby Hall me disait quoi voir directement au lieu de me le montrer. Ce qui défilait devant moi, ce n’était pas la vie des personnages, c’était l’idée que l’auteur se faisait de leur vie. À cause de cela, je n’ai jamais pu croire à aucun élément de l’histoire.

Malgré tous ces défauts, un roman peut encore se sauver par l’originalité de son récit. Si j’avais été surprise par les événements à suivre, si ceux-ci s’étaient montrés intéressants ou intrigants, j’aurais pu finir par pardonner tout le reste. Mais j’utilise des « si » parce que cela ne s’est jamais produit.

Supermarket est un livre avec plusieurs revirements de situation. Malheureusement, j’ai prédit chacun d’entre eux dès les premiers chapitres du roman. Les indices manquaient cruellement de subtilité ; peut-être était-ce intentionnel. Je vais choisir de croire que oui.


Partie II : Personnages.

En tant qu’admiratrice de longue date de Logic, je connais plusieurs détails sur sa vie. J’ai donc été un peu déstabilisée de constater toutes les similarités que Flynn, le personnage principal, partageait avec son créateur. Je sais que tous les auteurs s’inspirent de leur propre vécu pour leur art, mais j’ai toujours trouvé étrange d’intégrer une copie identique de soi-même dans une histoire. Quelques exemples :

  1. Flynn et Logic ont tous les deux commencé leur parcours de lecteur avec les romans Jurassic Park et Indiana Jones dans le début de leur vingtaine.
  2. Les deux ont écrit un roman après n’avoir lu que quelques livres dans leur vie.
  3. Les deux ont travaillé dans un restaurant spécialisé en crabe.
  4. Leur chambre d’écriture est décrite de la même façon.
  5. Les deux portent des bomber jackets en permanence.
  6. Les deux souffrent de la même maladie très particulière.

…et bien d’autres.

Je sais que beaucoup de fans ont apprécié ces petits détails, mais cela a eu l’effet sur moi de ne pas croire à Flynn en tant que personnage. L’écart se manifestait encore plus lorsque celui-ci se lançait dans des monologues qui citaient mot pour mot des entrevues de Logic. Sans blague.


Partie III : Conclusion.

En sortant Supermarket, Logic a encouragé des milliers de jeunes à prendre un livre de leur propre gré. J’ai lu d’innombrables critiques écrites par des adolescents qui disaient détester la lecture, mais qui avaient adoré ce roman. Pour l’impact que cela a pu avoir sur leur vie, je suis contente que cette oeuvre existe. Néanmoins, cela ne change pas ma propre appréciation de Supermarket. J’étais prête à découvrir mon coup de coeur de l’année, mais j’ai découvert à la place mon coup de poignard de l’année.

  • -1 étoile pour : Une écriture qui pourrait être retravaillée.
  • -1 étoile pour : Un récit trop prévisible.
  • -1 étoile pour : Des personnages peu attachants.
  • -1 étoile pour : Un manque d’originalité.
  • +1 étoile pour : Une 2ème partie moins ennuyante que la première.
  • +0.5 étoile pour : De la visibilité sur la santé mentale.

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