Critiques de la semaine : 10 mars 2020

Aujourd’hui, je vous partage mon avis sur quatre récentes lectures : 

  • Dans son silence de Alex Michaelides
  • La voix du Couteau (#1) de Patrick Ness
  • Les enfermés (#1) de John Scalzi
  • Artémis de Andy Weir

Aucun spoiler dans cet article

DANS SON SILENCE

(Lu en anglais sous le titre : The Silent Patient)

Alice Berenson est retrouvée chez elle, hagarde et recouverte de sang, devant son mari ligoté et assassiné. Déclarée coupable et enfermée dans son mutisme, elle est internée. Six ans plus tard, un psychiatre ambitieux se met en tête de l’aider à retrouver la parole.

Dans son silence est loin d’être un mauvais thriller, mais je ne suis pas certaine qu’il mérite toute l’attention qu’il reçoit depuis sa parution. La construction du récit m’a parue trop lente pour ce que le roman cherche à accomplir. L’histoire se base sur la relation entre un psychiatre et sa patiente, et pourtant, plus de la moitié du livre passe sans qu’ils n’aient d’interaction significative. Je me suis sentie assez indifférente face au dénouement. La révélation était à deux doigts d’être très intelligente, mais il y avait trop de morceaux manquants pour que je puisse croire au tableau peint par l’auteur. Alex Michaelides a composé plusieurs personnages intéressants, mais je ne me suis familiarisée qu’avec leur surface. J’aurais voulu plonger plus profondément dans l’histoire. Peut-être, alors, ma surprise aurait-elle pu se manifester.

Je pense néanmoins qu’il s’agit d’une oeuvre de qualité pour ceux qui ne sont pas trop familiers avec les thrillers. Souvent, en lire beaucoup est un désavantage : j’aurais sûrement pu apprécier Dans son silence plus que je ne l’ai fait si je n’avais pas eu mes autres lectures en mémoire.


LA VOIX DU COUTEAU

(Lu en anglais sous le titre : The Knife of Never Letting Go)

Prentissville est une ville du Nouveau Monde peuplée uniquement d’hommes qui ont la faculté de lire dans les pensées. Les femmes ont succombé à un virus et ont toutes disparu.

Quelle oeuvre ! La voix du couteau met en scène des personnages principaux de 13 et 14 ans, mais son récit est plus violent que certains livres de Stephen King. J’ai de la difficulté à déterminer si c’était une erreur de le classer dans la catégorie adolescente. Il est tout à fait possible pour un jeune de digérer ce contenu, mais il ne s’agit pas d’une oeuvre que je recommanderais aveuglément, même pour des adultes. Si ce n’était pas de l’âge des personnages, j’aurais d’ailleurs cru que ce livre visait un public avancé dès le départ.

J’ai beaucoup aimé la première partie du roman. Les bonnes idées de Patrick Ness me faisaient percevoir de nombreux chemins différents pour l’histoire, et je pense que l’auteur les a tous à peu près effleurés. Malheureusement, le récit a pris une tournure bien peu satisfaisante. L’histoire n’est qu’une répétition de la même scène : fuite, combat, fuite, combat… Le même événement se reproduit peut-être cinq fois. Après la deuxième, j’étais déjà fatiguée, vous pouvez imaginer comment je me sentais après la cinquième !

Je ne sais pas si l’auteur a composé cette oeuvre avec l’objectif d’être sadique envers ses personnages, mais en fin de compte, il ne leur a pas donné une seule victoire. On assiste à coup dur après coup dur après coup dur. Quand la souffrance devient prévisible, c’est un problème. J’affrontais chaque scène en me disant qu’elle finirait de la pire façon et j’avais presque toujours raison. Personnellement, j’ai besoin de quelques victoires pour conserver l’énergie nécessaire au parcours d’un roman. Les choix de La voix du couteau m’ont tant découragée que je me questionne à savoir si je lis le deuxième tome ou pas. Je risque de le faire éventuellement, car le monde est intéressant et je suis curieuse de voir où il mène, mais je ne ressens aucune hâte de le faire.


LES ENFERMÉS

(Lu en anglais sous le titre : Lock In)

Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. La plupart des malades, n’ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, mais un pour cent des victimes ont subi le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ».

Les enfermés de John Scalzi développe un monde futuriste très intriguant, mais je ne suis pas sûre que l’auteur ait totalement réussi à traduire son concept en un récit qui anime le lecteur. Il s’agit d’une lecture plaisante, car John Scalzi est doué pour composer des dialogues dynamiques, mais je n’ai pas aimé son choix de concentrer l’histoire sur une enquête policière. Ou plutôt, je n’ai pas aimé son exécution. La science qui entoure l’investigation lui donne un côté très scintillant, mais quand je mets de côté les atouts technologiques introduits, elle paraît assez pauvre en suspense. Je pense que John Scalzi est un génie de la science-fiction qui n’a pas tout à fait réussi à développer son talent policier. Cependant, j’ai trouvé la révélation finale satisfaisante et bien imaginée, et je recommande ce livre à tous ceux qui ont été intrigués par son résumé. 

Je n’ai pas découvert un nouveau coup de coeur avec cette oeuvre, mais j’ai pu confirmer que j’aime beaucoup le style et la pensée de John Scalzi. Je continuerai à lire ses autres oeuvres.


ARTEMIS

La vie sur Artémis est rude quand on n’est pas un riche touriste ou un milliardaire. Jazz rêve d’une vie meilleure, et quand un de ses riches clients lui propose un job risqué, elle ne peut pas refuser : c’est un défi bien payé. Mais elle ne se doute pas qu’elle prend part à une conspiration politique dont le but est de renverser le pouvoir sur Artémis…

Artémis figurait sur ma liste des 20 livres que j’avais l’intention de lire en 2020. Dans cet article, je mentionnais que je l’avais acheté pour voir du quel côté des critiques je me situais. Une cinquantaine de pages a été suffisante pour avoir la réponse :

Je suis déçue. Je peine à croire que cette oeuvre a été écrite par le même auteur que Seul sur Mars, un morceau de littérature qui a charmé tant de gens. À mes yeux, Artémis recevra difficilement le même amour. Ce nouveau livre de Andy Weir a un défaut principal : son personnage principal. Tout semble avoir été écrit pour nous forcer à croire qu’elle est d’une intelligence extraordinaire. Tout, sauf le personnage en lui-même. On lui répète constamment à travers le roman qu’elle est un génie et devrait avoir un poste plus important, et pourtant, ses réflexions internes sont carrément infantiles. Elle passe son temps à se vanter d’un intellect qui ne semble pas lui appartenir. Un exemple provenant du texte :

[Contexte : Le personnage principal cherche à entrer par effraction dans une mallette codée.]

Je me remémorai ma brève rencontre avec l’homme d’affaires. Il était assis sur le canapé de Trond… Il buvait un café turc pendant que je sirotais un thé. Et nous parlons de… Ha! C’était un fan de Star Trek! Je pianotai 1-7-0-1 sur le clavier, et le coffre se déverrouilla en cliquetant. NCC-1701: c’était le numéro d’immatriculation du vaisseau Entreprise. Comment le savais-je? Je l’avais sans doute entendu quelque part. J’ai tendance à ne rien oublier. 

Le roman déborde d’instances où le personnage commet un exploit, et utilise une excuse de génie pour expliquer son raisonnement. En littérature, si j’arrive à constater naturellement l’intelligence de quelqu’un, je ne suis pas dérangée qu’il s’en vante. Mais j’ai du mal à m’attacher à un personnage qui discute constamment de son intellect si celui-ci me paraît fantôme. 

L’histoire n’a même pas pu me distraire du personnage agaçant : je ne me suis pas du tout sentie investie dans le récit. Chaque chapitre m’a donné l’impression d’avoir le même ton, et le livre en a paru plat, sans aucune évolution.

Le point positif de ce livre est son monde. J’étais intéressée à connaître le fonctionnement de cette colonie lunaire, et de ce point de vue-là, Andy Weir ne m’a pas déçue. Il est dommage qu’Artémis ne soit pas le premier tome d’une série, car j’aurais aimé plonger plus profondément dans cette société futuriste. 


Merci d’avoir lu cet article !

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