La victoire de la défaite

Qui n’a jamais éternisé un débat afin d’en ressortir avec la couronne sur la tête ? Ce fut certainement mon cas beaucoup trop de fois.

Aujourd’hui, j’ai l’intention de vous partager mon plus précieux succès : avoir compris l’importance de savoir offrir la victoire aux autres.

Gagner une compétition ou un débat, c’est plaisant, n’est-ce pas ?

Réussir à prouver sa propre valeur face à l’autre, démontrer son intelligence et ses capacités, se convaincre de la position élevée qui doit nous appartenir. Avoir tout vrai quand l’autre a tout faux. Ce sont des choses qui alimentent nos veines, nous rendent fébriles, nous font passer le reste de la soirée avec le menton un peu plus haut.

Pourtant l’unique chose que l’on obtient véritablement de la victoire, c’est la vulnérabilité.

Avant tout, il est nécessaire d’établir la base.

Qu’est-ce que le bonheur ? Je considère qu’il en existe deux sortes différentes :

1) Le bonheur éphémère, c’est-à-dire lorsque notre joie dépend de certaines conditions. On croit que notre partenaire nous rend heureux, pourtant ce n’est plus le cas dès qu’ils sont absents ou font une chose qui ne nous plaît pas. On croit que la nourriture nous rend heureux, pourtant dès qu’on en mange trop, on maudit la simple vue d’un ingrédient. On croit que la victoire nous rend heureux, mais dès qu’on perd à nouveau, ce plaisir disparaît.

2) Le bonheur inconditionnel, c’est-à-dire lorsque notre joie ne repose sur aucune condition. Des exemples : le bonheur de faire plaisir à quelqu’un que l’on chérit, voir son visage illuminé par un sourire sincère. La joie de dire merci à quelqu’un, cette sensation de gratitude qui rend soudainement la vie un peu plus belle. Le bonheur de souhaiter tout le bien du monde à quelqu’un, la compassion qui nous pousse à aider autrui. Ce bonheur est inépuisable puisqu’il ne dépend d’aucun facteur extérieur. Nous seuls détenons le pouvoir sur celui-ci, puisque personne ne peut nous imposer une sincère reconnaissance, une sincère gratitude, une sincère compassion. C’est entièrement notre décision. Et cette décision continuera de nous apporter le bonheur tant qu’on l’appliquera. La seule façon pour que cette joie disparaisse, c’est de choisir de s’en débarrasser : en détestant quelqu’un, en mettant la priorité sur nos désirs (notez que j’ai dit désirs et non besoins, il est important de prendre soin de soi en premier), en étant jaloux de la réussite d’autrui. Mais nous seuls en sommes les responsables, ce pourquoi il est impossible de perdre le bonheur inconditionnel tant qu’il est entretenu.

En comprenant que la victoire nous élève sur un podium duquel il est encore plus facile de tomber, on comprend qu’il est dangereux de la rechercher avidement. C’est là que la porte s’ouvre vers une nouvelle vérité : mais si la victoire fait qu’il devient plus coûteux de perdre, est-ce vraiment une victoire ? Qu’est-ce qu’une victoire ?

Ma réponse à cette question est la suivante, cependant il est libre à vous de vous l’approprier ou pas.

La réelle victoire est l’invulnérabilité, et la seule chose qui nous la procure est un état d’esprit paisible. Parce que si on perd mais que nous n’en sommes aucunement dérangés, n’est-ce pas là une victoire ? Si on gagne mais ça ne nous rend que plus anxieux face à la prochaine chute, n’est-ce pas là une défaite ? En étant totalement neutre face à la victoire ou à la défaite, cela nous garantit une victoire à coup sûr.

Peut-être que l’égo vous murmure présentement à l’oreille : « ce n’est pas une victoire si l’autre a tort, mais croit qu’il a raison ! »

Et à ça je lui réponds : nous n’avons aucun contrôle sur les pensées d’autrui. Qu’on leur ait expliqué une version correcte des faits, probablement auraient-ils décidé de ne pas l’entendre, assourdis par les tambours de leur propre égo. La bataille dans laquelle on cherche à enseigner plutôt qu’à apprendre ne vaut pas la peine d’être battue. J’émets mon opinion, j’écoute celle de l’autre, et si la discussion ne peut aller nulle part, je les remercie de m’avoir partagé leurs pensées. L’autre retourne de son propre côté avec la satisfaction d’avoir gagné – un plaisir empoisonné, qui se dissout aussi rapidement qu’un nuage. Je retourne du mien avec une paix que même le vent ne peut déranger.

C’est pour cette raison que lorsqu’il est mieux de le faire, j’offre la victoire. Et c’est également pour cette raison que ma défaite n’est qu’une victoire de plus vers le bonheur.

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