Inspirée par l’esprit d’Halloween, six de mes lectures du mois d’octobre ont été des thrillers. J’ai aujourd’hui décidé de les critiquer et de les comparer. Les oeuvres discutées dans cet article sont :
- Un assassin parmi nous de Shari Lapena
- Chacune de ses peurs de Peter Swanson
- Par accident de Harlan Coben
- Lumière noire de Lisa Gardner
- I’ll Never Tell de Catherine McKenzie
- Toute la vérité de Karen Cleveland
UN ASSASSIN PARMI NOUS de Shari Lapena
Lu en anglais sous le titre An Unwanted Guest
Un hôtel de charme en pleine forêt, coupé du monde par la tempête de neige qui fait rage. Le week-end de détente tourne au huis clos meurtrier quand une femme est retrouvée morte. Lorsque, quelques heures plus tard, un autre cadavre est découvert, le doute n’est plus permis : un assassin sévit… et c’est l’un d’entre eux.
Un résumé qui fait tout de suite penser à la célèbre oeuvre Ils étaient dix d’Agatha Christie — un concept pas très original, mais efficace pour m’interpeler ! Je résiste difficilement aux romans qui présentent leur récit de cette façon.
Je pense que mes impressions face au résumé correspondent également à mes impressions face à sa lecture. Un assassin parmi nous n’a rien offert de bien nouveau, mais je l’ai lu avec beaucoup d’enthousiasme. Malgré la vitesse à laquelle je l’ai dévoré, je reconnais que le suspense du récit aurait pu être plus prononcé. Si l’ambiance a eu son effet sur moi, c’est surtout parce que j’essayais consciemment de m’y plonger. Je pense que tous les éléments étaient là pour profondément affecter le lecteur, mais qu’ils n’ont pas été utilisés jusqu’au bout de leur potentiel. Néanmoins, Shari Lapena a fait du bon travail et a réussi à concocter une fin que je n’ai pas su deviner.
CHACUNE DE SES PEURS de Peter Swanson
Lu en anglais sous le titre Her Every Fear
Lorsque Corbin propose à sa cousine Kate d’échanger leurs appartements respectifs de Boston et de Londres, Kate, récemment victime d’un ex-copain, pense que cela l’aidera à remonter la pente et accepte. Malheureusement, à peine arrivée, elle apprend qu’une voisine a été assassinée. Troublée, elle se pose aussitôt des questions sur Corbin…
J’hésite à prononcer mon avis définitif sur cette oeuvre, car peu après avoir fini de la lire, j’ai découvert qu’elle recevait une majorité de notes très très basses. Ma note est assez positive, alors j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose ! Il semblerait que les notes sur les sites anglophones soient beaucoup plus positives que celles des sites francophones. Je peux donc en conclure qu’il s’agit sûrement d’un problème de traduction. Pour cette critique, je baserai mon avis sur l’oeuvre lue en anglais.
Chacune de ses peurs n’est pas un chef-d’oeuvre, mais j’ai trouvé qu’il s’agissait d’un bon morceau de thriller à se mettre sous la dent. Le récit est improbable par moments, mais jamais trop irréaliste à mes yeux. C’est exagéré, c’est amusant ! Peter Swanson est un bon écrivain : il réussit toujours à me faire dévorer ses romans, même quand je ne les aime pas. Il est le maître des idées explosives et rocambolesques, au risque de déplaire.
Cette oeuvre est loin d’être aussi bonne que son roman Parce qu’ils le méritaient (que je recommande à tous), mais elle a fait le boulot d’un thriller pour moi. La finale n’était pas du tout une surprise, mais elle m’a satisfaite.
PAR ACCIDENT de Harlan Coben
Quand on retrouve sur une scène de meurtre les empreintes de Maura, l’amour de lycée de Napoléon disparue il y a quinze ans, c’est selon ses règles que Nap est décidé à enquêter. Les coïncidences semblent bien trop nombreuses dans cette affaire : peu avant la disparition de Maura, le frère jumeau de Nap et sa petite amie Diana avaient été retrouvés morts sur la voie ferrée. Un double suicide auquel Nap n’a jamais cru. Nap n’a jamais perdu espoir de retrouver Maura et de découvrir la vérité sur la mort de son frère.
Je découvre tranquillement que j’aime Harlan Coben. Mon premier essai avec son livre Ne le dis à personne a été décevant, mais deux ans plus tard, j’ai lu son oeuvre Run Away en une traite sur mon sofa. Par accident était mon troisième roman de cet auteur. J’ai été déçue de ne pas l’adorer autant que son oeuvre précédente, mais cela ne m’a pas découragée à lire ses autres publications.
J’ai trouvé la progression de Par accident trop lente. J’étais curieuse de connaître le dénouement de l’intrigue, mais je n’étais pas clouée à ma chaise par le poids du suspense. Je pense aussi que le caractère du personnage principal a négativement affecté ma lecture. L’énergie qu’il dégageait me laissait un peu refroidie envers lui. Harlan Coben a peint de nombreux visages intéressants dans son récit, mais celui de son personnage principal semblait manquer le plus de dimension. Un roman avec quelques faiblesses, mais une bonne résolution.
LUMIÈRE NOIRE de Lisa Gardner
Lu en anglais sous le titre Find Her
472 jours : c’est le temps qu’a passé Flora aux mains de son bourreau. Sortie miraculeusement de cette épreuve, elle cherche depuis à retrouver une existence normale. Pourtant, les murs de sa chambre sont tapissés de photos de filles disparues. À la recherche de l’une d’elles, Flora se fait de nouveau kidnapper par un prédateur qui s’assurera cette fois que Flora ne revoie jamais la lumière…
Un de mes meilleurs thrillers lus en 2020. De la première page jusqu’à la dernière, Lumière noire m’a captivée. Son contenu est dur à encaisser, mais de la bonne façon. Lisa Gardner a réussi à traduire la violence de l’histoire par le poids de ses mots. J’ai souvent croisé des thrillers qui étaient horrifiants dans la grossièreté de leurs scènes, comme si l’auteur faisait la liste de toutes les souffrances qui pouvaient être infligées. Ces souffrances existent dans Lumière noire, mais on les découvre surtout par l’impact que celles-ci ont eu sur la victime au-delà du physique. Ses blessures étaient si vivantes qu’elles sont devenues les miennes pendant ma lecture.
J’ai adoré suivre les personnages principaux, y compris le vilain. Dans un récit construit de cette façon, c’est l’élément le plus crucial, et Lisa Gardner a relevé le défi. La seule raison pour laquelle cette oeuvre n’obtient pas une note parfaite de ma part, c’est parce que j’ai trouvé que la finale aurait pu profiter d’un peu plus de clarté dans son développement. Si vous cherchez une oeuvre riche en noirceur, mais haute en suspense, donnez une chance à Lumière noire de Lisa Gardner !
I’LL NEVER TELL de Catherine McKenzie
Aucune traduction française disponible pour l’instant
20 ans plus tôt, le cadavre d’Amanda Holmes a été retrouvé dans le camp d’été de la famille MacAllister. Personne n’a jamais été arrêté pour ce crime. Après la mort de leurs parents, les frères et soeurs MacAllister doivent retourner au camp pour déterminer ce qu’ils en feront. Mais c’est plus compliqué qu’un simple vote. Le testament stipule que le meurtre doit être résolu avant que la décision soit prise…
J’ai découvert Catherine McKenzie à travers ses oeuvres de romance chick-lit, un genre qui me déplaît souvent, mais que l’auteure réussissait à me vendre. Quand j’ai découvert qu’elle écrivait également des thrillers, j’ai rapidement déniché son roman Les nouveaux voisins, qui fut plaisant à lire mais décevant. Malheureusement, je pense pouvoir décrire I’ll Never Tell de la même façon.
J’ai aimé suivre les personnages, tous si fautés et particuliers. J’ai aimé l’environnement du camp de vacances, très bien exécuté. Mais ce roman n’est pas un thriller. Il y a un meurtre irrésolu, des questionnements à son niveau, mais l’enquête ne commence à avancer qu’après les 200 pages, et elle ne le fait que de seulement quelques pas… On dirait qu’aucun des personnages ne se souciait du meurtre à résoudre. Lorsque l’histoire a commencé à progresser autour de la 300ème page, j’ai pensé : on aurait dû en être à ce stade à la page 50.
I’ll Never Tell aurait pu être une excellente lecture si le meurtre avait été exclu de l’histoire et que Catherine McKenzie s’était concentrée sur la relation entre les frères et soeurs. Je vais donner une troisième chance à ses thrillers, mais s’il s’agit d’une autre déception, je vais devoir me contenter de ses oeuvres chick-lit.
TOUTE LA VÉRITÉ de Karen Cleveland
Dix ans de mariage, quatre enfants. Elle pensait connaître son mari mieux que personne. Elle avait tort. En tant qu’analyste du contre-renseignement à la CIA, division Russie, Vivian a la lourde tâche de débusquer des agents dormants infiltrés sur le territoire américain. Un jour, elle tombe sur un dossier compromettant son époux. Elle devra faire un choix impossible : défendre son pays… ou sa famille.
Un thriller différent des autres sur cette liste. Pas de meurtres, pas d’enquête policière, mais de l’intrigue au rendez-vous. Toute la vérité est ce que j’appelle un « roman du milieu ». Il fait le boulot, il est agréable à lire en vacances, mais il ne se démarque pas particulièrement des autres livres de son genre. La principale faiblesse de cette oeuvre est le comportement de son personnage principal, Vivian. Elle travaille depuis des années comme analyste à la CIA, et pourtant, ses pensées et ses actions ne traduisent aucunement son expérience. Tout l’aspect de son travail pour l’agence m’a semblé irréaliste et a définitivement nui à la qualité du récit.
Ce que je retiens de Toute la vérité, c’est la question impossible qui était dans ma tête tout au long de ma lecture : à la place de Vivian, qu’est-ce que je ferais ? Je n’ai jamais réussi à y répondre et c’est ce qui m’aidera à garder ce livre en mémoire pour les années à venir.
Merci d’avoir lu cet article.
Note : Le résultat de mon dernier défi littéraire sera publié un peu plus tard que prévu, car le transit des livres à ma bibliothèque a été arrêté temporairement. Les romans sur la liste seront mes priorités de lecture dès que je les recevrai. Merci pour votre patience !