Pensées nocturnes (#1)

Un jour j’ai baissé le regard et j’ai remarqué pour la première fois une ligne sur le côté de mon pied. Longue, profonde, rouge. Aucune douleur, aucun sang.

Seulement une crevasse. Si bien définie qu’elle semblait avoir été modelée dans le but d’attirer l’attention.

Mais l’attention de qui ?

Parfois, ce n’est qu’une fine ligne. Elle trace le côté de mon pied discrètement, se mélangeant sans peine aux veines l’entourant.

Mais il arrive aussi que je sois choquée par sa profondeur. Mes doigts la découvrent alors d’un toucher hésitant, craignant les secrets qu’elle recèle. Sa rougeur m’appelle, me supplie ; veut-elle que je me souvienne, que je me réveille sur la vérité de son apparition ?

Lorsque les gens la croisent du regard, ils s’exclament tous de la même façon : « Aïe ! Mais comme ça a dû faire mal ! »

Mais ça n’a pas fait mal.

Ce n’est pas une cicatrice.

Car pour qu’il y ait une cicatrice, il faut une blessure. Mais une blessure de cette envergure n’aurait pas pu passer inaperçue.

N’est-ce pas ?

Sauf si j’étais dans un état second. Un étrange sommeil ?

Peut-être alors, aurait-il été possible que je ne le remarque pas.

Sa découverte me serait parvenue par hasard, avec un simple coup d’oeil vers le bas.

Étonnante aurait été sa présence, bien sûr. Mais je n’aurais probablement pas tenté de me l’expliquer.

Pourquoi ?

Par désintérêt, ou par peur de trouver une réponse beaucoup plus grande que ma question ?

Je l’ignore.

Cela pourrait très bien être un phénomène du corps, une innocente expression de la peau.

Ou alors c’est autre chose.

 

Qui sait ?

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