Prendre soin des autres et prendre soin de soi-même est un art complexe que peu de gens maîtrisent à la perfection, car sa nature même soulève une question difficile : qui vient en premier ?
Mon auteur préféré de jeunesse, Pierre Bottero, écrivait qu’il existait deux réponses à toute interrogation : celle du poète, et celle du savant. Dans cet article, je vous partage pourquoi je considère que ceux-ci partagent tous les deux le même avis sur cette question. Continuez votre lecture pour découvrir leur réponse.
Ce texte est le premier d'une nouvelle série intitulée
« Les questions auxquelles l'école ne répond pas »
Prendre soin de quelqu’un — que ce soit de soi-même ou des autres — est un devoir qui se manifeste quotidiennement pour tous et chacun, que ce soit dans un milieu professionnel, personnel ou autre. Il existe plusieurs façons de s’y prêter et de l’interpréter.
La plus courante peut être résumée par la phrase « penser aux autres d’abord et avant tout ». On l’associe souvent à une générosité surabondante, un effort pour se délaisser de son propre ego, une absence totale de désirs personnels, etc. En bref, elle désigne un mode de vie que la société considère à la fois admirable et misérable.
Car en effet, face à la suggestion de penser aux autres en premier, la majorité des gens ont le réflexe de penser : « Mais je dois prendre soin de moi ! Je serai malheureux si je fais tout pour les autres et rien pour moi ! ». Cette crainte peut tout à fait devenir la réalité des personnes qui se lancent sur la route de l’altruisme sans préparation. Cependant, il est important de comprendre que celles-ci ne sont pas victimes de leur bonté. En fait, c’est même leur manque de bonté qui les punit.
Prendre soin des autres revient à prendre soin de soi-même en premier.
Lorsqu’on cultive le souhait sincère d’aider les autres, le premier et vrai réflexe n’est pas de courir à la rescousse de quiconque en a besoin peu importe les conséquences que cela pourra avoir sur notre santé. Plutôt, on cherche à se perfectionner d’abord pour que notre aide puisse être la plus pure, la plus efficace et la plus durable qui soit.
Si on enchaîne nuit blanche après nuit blanche pour assister à quelqu’un, une seule semaine suffira pour nous rendre incapable de venir en aide à qui que ce soit d’autre. Cependant, si on sacrifie une seule nuit blanche en choisissant de dormir lors des quatre suivantes, on sera alors en position d’être utile pendant une période bien plus prolongée. En négligeant notre propre état, on s’empêche de pouvoir prendre soin des autres dans le futur, et on risque même de se mettre dans un état où ils devront éventuellement s’occuper de nous.
Sans un corps et un esprit en santé, il est impossible de soutenir les autres de manière efficace et durable. Chérir et vouloir aider les autres est la meilleure chose qu’on puisse faire pour se chérir et s’aider soi-même. En souhaitant prendre soin des autres inconditionnellement, on prend soin de soi-même inconditionnellement.
Si on ne pense qu’à soi-même, il est alors beaucoup plus commun de se nuire sans même le réaliser. On se concentre sur ce qu’on désire tout de suite, et nos choix et actions ne sont pas les plus bénéfiques à notre bien-être sur le long-terme. Vouloir prendre soin des autres nous force à prendre soin de nous-mêmes.
Alors, qui vient en premier ?
La réponse à cette question restera toujours la même, qu’elle sorte de la bouche du poète ou du savant : les autres. Les autres doivent venir en premier pour nous pousser à véritablement prendre soin de nous-mêmes.
Bonjour, merci beaucoup pour ce texte :). J’aime beaucoup le partage que tu as mis de Bottero; sa réponse est bien jolie et il a bien raison.
Ta conclusion me laisse sommes toutes perplexe: donc les autres en premier? Pourtant, bien des personnes composent avec des pertes de longue durée de la santé du corps et de l’esprit. Alors dans ces cas, il m’apparait difficile de penser aux autres en premier,
Je crois tout de même que peut importe notre état nous pouvons prendre soin des autres. Cependant dans ces cas notre soutien sera malheureusement limité et nous n’aurons pas d’autres choix que de s’exercer à faire passer plus souvent nos besoins en premiers. Enfin,disons dans la mesure du possible… et dépendamment avec qui ( un enfant, une personne qui nous est cher et qui est en plus piètre état que nous, etc…)
Est-ce que je vais dans le même sens que toi où il y a quelque chose que je n’ai pas saisi? Merci chère Mamaki.:)
Bonjour, merci pour le beau commentaire !
Pour répondre à ta question : Les personnes qui souffrent de graves pertes de santé physique ou mentale agissent en pensant prendre soin des autres en premier, mais ce n’est pas exactement le cas. En négligeant leur propre état, elles s’empêchent de pouvoir aider les autres dans le futur. Donc pour qu’elles puissent prendre soin d’elles-mêmes en premier, elles doivent d’abord penser à toutes les personnes qu’elles seront en mesure d’aider. Je ne pense pas que nos avis divergent véritablement. 🙂 Penser aux autres d’abord revient à penser à soi-même d’abord, car il faut prendre soin de soi-même pour aider les autres. Mais pour arriver à prendre soin de soi-même, il faut penser aux soins qu’on souhaite apporter aux autres.
vraiment bien écrit, beaucoup de clarté sur un sujet profond, un super article! merci
Merci pour nous aider à comprendre. 😘😘😘